
Le symptôme sexuel, un message crypté.
Les troubles sexuels se manifestent sous forme de symptômes physiques et psychiques. Si l’expression du symptôme sexuel paraît se focaliser sur le corps, il est important de rappeler qu’il intervient également de manière plus subtile et plus enfouie, au niveau psychique. En effet, le symptôme sexuel est une combinaison de multiples dimensions, toutes en actions les unes par rapport aux autres, de la plus organique à la plus psychique et de la plus personnelle à la plus sociale. Le symptôme sexuel traduit généralement une façon de vouloir exprimer “quelque chose" de façon détournée et déguisée.
Cependant, il signale qu’une réalité douloureuse tenue cachée par notre inconscient cherche tout de même à se manifester, en s’imposant à nous.

Quelques idées reçues et croyances erronées
Si la prise de conscience du trouble physique et psychologique est une étape très importante dans le travail thérapeutique, celle-ci n'est pas suffisante pour résoudre un problème sexuel et pour la prévention de ses rechutes. Il est essentiel de rechercher ce qui sous tend le trouble, ce qui le déclenche, ce qui le fait exister, ce qui le fait se maintenir et ce qui le renforce. Les composants alimentant un trouble, un comportement et une attitude sexuelles regroupent les dimensions :
Cognitives : pensées parasites, croyances, ruminations anxieuses;
Émotionnelles : peur, tristesse, anxiété, plaisir, excitation, frustration, obsessions;
Comportementales : inhibitions, répétitions, évitements, fuite, surcompensation;
Environnementales : Culture, religion, media, structure familiale, nouveau couple, normes sociales, attitude de l’autre, etc.
Reliées à l’enfance et au vécu : traumatismes verrouillés d’un passé plus ou moins lointain, éducation, chômage, crise conjugale, violence psychologique et physique, etc.
Votre vécu se nourrit de valeurs, d’injonctions, de schémas affectifs et émotionnels, de représentations et d'expériences. Cette intégration, majoritairement inconsciente, vient structurer votre histoire, comme un véritable “bain” d’empreintes corporelles, émotionnelles, cognitives, comportementales et environnementales.
Ce sont ces mêmes empreintes inconscientes qui servent alors de “base” à la mise en place des choix, des valeurs, des limites et des principes, dans votre sphère sociale, familiale, professionnelle et intime. A l'évidence, la mise en place d’un discours particulier se forme aussi sur votre sexualité, soulignant un véritable lien entre le vécu sexuel, la vision portée sur la sexualité et les normes ou empreintes familiales et sociales enregistrées.
Avant de continuer, il est important de préciser que les croyances ne s’inscrivent pas en fonction de l'identité sexuée.
Cela étant, il est récurrent de retrouver des croyances liées à la notion de performance, d'efficacité et de résultat chez les hommes lorsque chez la femme, les thèmes de croyances ou d’idées reçues sont, souvent, liés à la notion de contexte, de lâcher-prise et de sensualité.
Chez l’homme :
La pénétration est obligatoire pour le plaisir masculin
L'érection doit être permanente pendant le rapport sexuel
L’homme est sexuel, la femme est sensuelle
Un sexe “qui ne ferait pas des dimensions normales” rendrait impossible un rapport sexuel et réduirait les compétences et la virilité de l’homme.
Le rapport sexuel se découpe en phases successives dans l'ordre suivant : caresse, érection, pénétration, éjaculation
La femme a moins envie que l’homme de se masturber quand elle est seule
L’homme doit toujours être actif lors des rapports sexuels
L’éjaculation créé donne du plaisir a la femme et créé l’orgasme de l’homme et de la femme
Chez la femme :
Un rapport sexuel réussi est un rapport ou l’orgasme de l’homme et la femme sont simultanés
La sexualité peut faire mal et c’est normal
La masturbation individuelle n’est pas compatible avec la sexualité dans le couple
Se forcer permet de relancer la libido
La pornographie montre comment l’homme doit faire et comment la femme doit agir
La notion de consentement empêche la spontanéité et l’excitation
L’homme a plus de désir sexuel que la femme
La sexualité disparait en vieillissant
La femme n’est pas sexuelle
La pénétration est la principale source du plaisir féminin et de l’orgasme
La femme est passive
La femme se doit d’être multi-orgasmique
La sexualité de la femme disparait a la ménopause
Il existe un orgasme clitoridien et un orgasme vaginal
L’orgasme déclenche par le clitoris est moins puissant que celui déclenché par la pénétration et relève d’une sexualité immature
Les petites lèvres de la vulve ne doivent pas dépasser des grandes lèvres
Informations pertinentes
La normalité sexuelle comporte de possibles pannes. Être parfait et efficace de manière permanente n’est pas la réalité ;
La réussite sexuelle ne se mesure pas à la quantité des rapports sexuels ou au nombre de décibels émis par son/sa partenaire ;
Attendre d'être parfait pour s'autoriser à reprendre des contacts sexuels avec son conjoint est un risque de ne jamais trouver que “c’est le bon moment”, et donc de ne jamais commencer ;
La guérison ne passe pas systématiquement par la suppression du symptôme, elle passe aussi par l’adaptation au problème et sa diminution ;
Un homme peut jouir sans éjaculer et éjaculer sans jouir ;
L'élimination d’une cause physique à un trouble sexuel ne veut pas dire que celui-ci est profondément résolu. La peur de l'échec, l'anxiété de performance et le besoin de contrôle peuvent être suffisamment absorbés pour que le trouble persiste au-delà de son expression physique ;
La pénétration ne représente pas l’aboutissement d’un acte sexuel. C’est un moyen comme un autre de prendre du plaisir de temps à autre dans les jeux sexuels ;
Les désirs et les plaisirs éprouvés dans l’acte sexuel peuvent se modifier avec le temps. Il est possible de ne plus aimer certaines pratiques comme de vouloir essayer de choses nouvelles : changer d’avis et d’envies ;
Il est naturel de ne pas jouir lors chaque rapport sexuel, ce n’est pas pour autant un rapport “raté” : c’est avant tout un partage, un jeu, un moment de complicité sans attentes particulières ;
Il est naturel “de ne pas avoir envie” durant certaines périodes. L’envie d’avoir envie, non pour répondre au désir de l’autre mais pour son propre plaisir. Prendre en considération nos envies et nos besoins n’est pas de l'égoïsme, c’est une attention essentielle que l’on porte pour soi, afin d'être entièrement disponible au partage et donc à l'épanouissement avec l’autre ;
Le désir n’est pas forcément spontané. Il a parfois besoin qu’on le suscite, le titille pour le provoquer et le réveiller, surtout lorsqu’une relation est installée depuis longtemps ;
Le déséquilibre de libido est possible, un couple étant formé de deux personnes distinctes dont les besoins et les désirs ne sont pas constamment similaires ;
Lorsque le plaisir fait place à la douleur durant un rapport sexuel, il est important d’en faire directement part à son/sa partenaire.
Ecrit par Susana Dimicoli, Reproduction interdite.